Musée Picasso : un pari gagné

Le musée dédié à Pablo Picasso dans le quartier du Marais, riche de 5000 œuvres de l’artiste, est bien devenu, après une métamorphose réussie, un des lieux culturels incontournables au même titre que le Louvre ou le musée d’Orsay.

Pourquoi l’Hôtel Salé

C’est un choix politique qui prévaut, en 1973, pour faire de l’Hôtel Salé le musée qui accueillera les œuvres de Pablo Picasso. Ce magnifique hôtel particulier du XVIIème se situe en plein cœur du Marais, quartier que Malraux avait décidé de sauvegarder dès les années soixante…

On aurait pu imaginer les œuvres de cet artiste révolutionnaire exposées dans un musée moderne et ce, d’autant plus, que celui-ci n’avait pas d’attirance particulière pour les monuments historiques. En outre, l’adaptation d’une demeure ancienne aux contraintes techniques exigées par les musées contemporains est une gageure de taille. L’autre difficulté est de créer, dans un lieu dont ce n’était pas la vocation première, des espaces d’accrochage pour présenter une œuvre artistique complexe.

Un enjeu double

L’enjeu était donc de respecter à la fois l’œuvre de Jean de Boullie, architecte de la demeure en 1650, et celle de Picasso. Ce pari a été gagné en deux temps : le bâtiment retrouve d’abord ses volumes d’origine lors de l’ouverture du musée en 1985, puis il subit cinq années de travaux avant la réouverture tant attendue en octobre 2014. Lors de cette dernière mutation sa surface est doublée et apte à accueillir la plus grande collection au monde du maître.

Il en résulte que les visiteurs peuvent opter pour différents parcours, tout en sachant que les salles voûtées du sous-sol ont une vocation didactique, les greniers abritent la collection particulière de Picasso et les étages exposent ses œuvres dans un ordre chronologique.

Un pari gagné

La fréquentation du musée témoigne d’un pari gagné. On y vient avant tout pour Picasso, mais aussi pour l’hôtel particulier auquel on a rendu son faste et son éclat. Le grand escalier à deux volées, chef d’œuvre de cet édifice, a été entièrement restauré ainsi que ses décors en stuc. De même pour la cinquantaine de pièces de mobilier crées par le sculpteur et designer Diego Giacometti lors de la première ouverture en 1985. Des plafonniers en résine blanche, objets contemporains aux lignes épurées, s’intègrent de manière évidente dans l’escalier d’honneur parmi les pilastres corinthiens, génies et divinités diverses.

Le « choc esthétique » annoncé par Anne Baldassari – présidente de l’établissement jusqu’en juin 2014 – a tenu ses promesses.